| Les voyageurs |
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Bruno
Où avait donc germé cette idée ? A cette époque, les premiers immigrés portugais étaient arrivés dans mon village du Maine-et-Loire, et le gamin que j’étais, s'était interrogé devant ces "étrangers" pas toujours très bien accueillis : "Que peuvent-ils ressentir, eux qui ont quitté leur pays, leur famille ? Un jour, moi aussi, je serai l'étranger pour comprendre cela." Leur présence parmi nous stimulait également ma curiosité pour leur pays d’origine. L'idée ne me quittera plus jamais alors que je serai devenu agriculteur ; elle était là, enracinée et croissant avec les années, laissant passer printemps et hivers, moissons et agnelages pour mieux se fortifier à l'épreuve du temps malgré le scepticisme de l'entourage. Je ne pouvais pas m’imaginer ne pas réaliser ce tour du monde, cela aurait été comme un reniement de moi-même. Et un jour, ce fut le grand départ tant attendu… Méfiez-vous des rêves d’enfant, disait Goethe ; ils finissent toujours par se réaliser !
Maryvonne
Vincent et Sarah Depuis qu’ils sont tout petits, nos enfants ont toujours fait partie intégrante de nos voyages. C’est à six mois que Vincent a commencé à suivre ses globe-trotters de parents, et Sarah a réalisé sa première randonnée sur un âne à l’âge de deux ans. Voyager avec des enfants, même si cela demande un peu d'adaptation aux parents, représente un véritable passeport pour rencontrer les gens des pays visités.
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Je n'étais pourtant pas tombé dans la marmite du voyage quand j’étais petit. Bien au contraire : fils d'agriculteurs, agriculteur moi-même, rien ne me prédisposait au voyage. Et pourtant, c'est à l'âge de 11 ans que j’avais annoncé à mes parents : "quand je serai grand, je ferai le tour du monde !"
Moi, la petite jeune fille tranquille, secrétaire de mon état, je m’étais laissée séduire par celui qui parlait du voyage comme d'une nouvelle vie, une autre manière d'exister et d'aimer. Le projet de Bruno était devenu un projet commun, nous l’avions mûri ensemble et nous étions deux à tendre le pouce, en partance pour un monde lointain. Non sans quelques interrogations : allais-je être capable de vivre à la mesure de la passion de mon compagnon, cette vie d'aventures où l'inconnu et le risque allaient se côtoyer quotidiennement ?
